— Que vous importe ? la rue est libre.
— Non.
Ce mot fut prononcé d’un ton sec et cassant.
Nathan chercha en vain à reconnaître l’homme auquel il avait affaire.
— Cédez-moi la place, dit-il, ou bien il y aura du sang de répandu entre nous.
Pour toute réponse, l’homme au manteau prit un pistolet de la main droite, un poignard de la main gauche.
— Ah ! fit Nathan d’un ton de sarcasme, nous allons en découdre.
— Pour la dernière fois, retirez-vous !
— Allons donc, vous êtes fou, señor caballero ; la rue est à tout le monde, vous dis-je ; cette place me convient et j’y resterai.
— Je veux rester seul ici.
— Vous me tuerez donc alors ?
— S’il le faut, oui, sans hésiter.
Les deux interlocuteurs avaient échangé ces quelques mots à voix basse et rapide, en moins de temps que nous n’en avons mis à les écrire ; les deux hommes étaient à un pied de distance l’un de l’autre, l’œil étincelant, prêts à se précipiter en avant.
Nathan repassa son pistolet dans sa ceinture.
— Pas de bruit, dit-il, le couteau suffira ; d’ailleurs nous sommes dans un pays où cette arme est la seule usitée.
— Soit, répondit l’inconnu ; ainsi vous ne voulez pas me céder la place ?
— Vous vous moqueriez de moi si je le faisais, répondit l’Américain en ricanant.
— Alors que votre sang retombe sur votre tête !