Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/381

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— Trois heures du matin, répondit Andrès Garote ; le jour ne tardera pas à paraître.

— Hâtons-nous alors ; suivez-moi tous. Puis il ajouta : Mais où est passé Schaw ? Quelqu’un de vous le sait-il ?

— Vous le rencontrerez probablement à la porte de la maison de doña Clara, répondit sourdement Nathan.

— Comment cela ? Mon fils a-t-il donc pactisé avec mes ennemis ?

— Puisqu’il s’est entendu avec eux pour enlever votre prisonnière.

— Oh ! je le tuerai, s’il est un traître ! s’écria le squatter avec un accent qui fit courir un frisson dans les veines des assistants.

Nathan fit deux pas en avant, tira son couteau de sa botte vaquera, et le montrant à son père :

— C’est fait, dit-il d’une voix brève. Schaw a voulu me poignarder, je l’ai tué.

Après ces lugubres paroles, il y eut un instant de silence dans le rancho ; tous ces hommes au cœur bronzé par le crime frémissaient intérieurement malgré eux.

Au dehors la nuit était sombre, le vent sifflait tristement ; la lueur tremblotante de la chandelle éclairait de reflets étranges cette scène, qui ne manquait pas d’une certaine poésie terrible.

Le squatter passa sa main calleuse sur son front inondé d’une sueur froide ; un soupir, semblable à un rugissement, sortit péniblement de sa poitrine oppressée.

— C’était mon dernier-né, dit-il d’une voix brisée par une émotion qu’il ne pouvait vaincre ; il méritait la mort, mais son frère n’aurait pas dû la lui donner.