— Mon frère a beaucoup de sagesse, dit-il.
— Hum ! fit Valentin, d’un ton de mauvaise humeur, c’est possible, mais vous jouez gros jeu, chef. Ce vieux coquin est malin comme dix singes et dix opossums réunis, je vous en avertis, il vous reconnaîtra.
— Non.
— Je vous le souhaite, sans cela vous seriez perdu.
— Bon, que mon frère soit tranquille, la Plume-d’Aigle est un guerrier, il reverra le chasseur blanc dans le désert.
— Je le désire, chef, je le désire, mais j’en doute ; enfin agissez comme il vous plaira. Quand rejoindrez-vous le Cèdre-Rouge ?
— Cette nuit.
— Vous nous quittez ?
— De suite ; la Plume-d’Aigle n’avait rien d’autre à confier à son frère.
Et après s’être incliné avec courtoisie devant les assistants, le chef coras se glissa dans les buissons au milieu desquels il disparut presque instantanément.
Valentin le suivit quelques secondes des yeux.
— Oui, dit-il enfin d’un air pensif, son projet est hardi, tel qu’on pouvait l’attendre d’un si grand guerrier. Que Dieu le protége et le fasse réussir ! Enfin nous verrons ; peut-être tout est-il pour le mieux ainsi.
Il se tourna vers Curumilla :
— Les habits, dit-il.
— Les voilà, répondit laconiquement l’Aucas en désignant du doigt un énorme tas de hardes.
— Que veut faire mon frère pâle de ces vêtements ? demanda l’Unicorne.
— Mon frère verra, dit en souriant Valentin. Chacun de nous, ajouta-t-il, va revêtir un de ces costumes.