Le chef comanche se redressa avec fierté.
— Non, dit-il, l’Unicorne ne quitte pas l’habit de son peuple ; qu’avons-nous besoin de ce déguisement ?
— C’est afin de nous introduire dans le camp des Espagnols sans être découverts.
— Ooah ! à quoi bon ? L’Unicorne appellera à lui ses jeunes gens, et ils lui frayeront un passage à travers les cadavres des Gachupines.
Valentin hocha tristement la tête.
— C’est vrai, dit-il, nous pourrions faire ainsi ; mais pourquoi verser le sang inutilement ? Non. Que mon frère ait confiance en moi.
— Le chasseur fera très-bien, l’Unicorne le sait, il le laisse libre ; mais l’Unicorne est un chef, il ne peut prendre les habits des Faces Pâles.
Le Français n’insista pas, toute prière aurait été inutile ; il se résigna à modifier son plan.
Il fit endosser à chacun de ses compagnons un costume de dragon, en endossa un lui-même et fit rendre à l’alferez les habits qui lui avaient été enlevés.
Lorsque la métamorphose fut aussi complète que possible, il se tourna vers l’Unicorne.
— Le chef restera ici, dit-il ; il gardera les prisonniers.
— Bon ! répondit le Comanche ; l’Unicorne est-il donc une vieille femme bavarde, pour que les guerriers le mettent à l’écart ?
— Mon frère ne me comprend pas : je n’ai pas l’intention de l’insulter, seulement il ne peut s’introduire avec nous dans le camp.
Le chef haussa les épaules avec dédain.
— Les guerriers comanches rampent aussi bien que les serpents, dit-il ; l’Unicorne entrera.