Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/40

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L’effet en fut subit et terrible. Le cheval poussa un hennissement de douleur, et, rendu fou par la brûlure, il bondit en avant et se précipita dans la clairière en cherchant vainement à se débarrasser de cet amadou qui se consumait dans son oreille en lui occasionnant une souffrance horrible.

Don Miguel s’était vivement jeté de côté et suivait d’un regard anxieux le résultat de la terrible tentative qu’il venait de faire pour sauver l’inconnu.

À la vue du cheval qui apparut subitement au milieu d’eux, les peccaris se relevèrent brusquement, formèrent un groupe compact et s’élancèrent tête baissée à la poursuite du cheval, sans penser davantage à l’homme.

L’animal, aiguillonné encore par la terreur que lui causaient ses féroces ennemis, détalait avec la rapidité d’une flèche, brisant du poitrail tous les obstacles qu’il trouvait sur son passage, et suivi de près par les peccaris.

L’homme était sauvé !

Mais à quel prix !

Don Miguel étouffa un dernier soupir de regret et s’élança dans la clairière.

L’inconnu était déjà descendu de l’arbre où il avait trouvé un abri, mais l’émotion qu’il avait éprouvée était tellement forte qu’il restait assis à terre, presque sans connaissance.

— Alerte, alerte ! lui dit vivement don Miguel, hâtons-nous, nous n’avons pas un instant à perdre, les peccaris peuvent se raviser et revenir d’un moment à l’autre.

— C’est vrai, murmura l’inconnu d’une voix sourde en jetant autour de lui un regard épouvanté ; partons, partons de suite !