Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il fit un effort sur lui-même, saisit son rifle et se releva.

Par un pressentiment dont il ne put se rendre compte, don Miguel éprouva malgré lui, à l’aspect de cet homme que jusque-là il avait à peine regardé, un sentiment de défiance et de dégoût invincible.

Par suite de la vie qu’il était obligé de mener sur ces frontières fréquentées par des gens de toutes sortes, bien souvent l’hacendero s’était trouvé en rapport avec des chasseurs et des trappeurs qui étaient loin de payer de mine, mais jamais, jusque-là, le hasard ne l’avait placé en présence d’un individu d’une aussi sinistre apparence.

Cependant il ne laissa rien voir de ce qu’il éprouvait, et engagea cet homme à le suivre.

Celui-ci ne se fit pas répéter l’invitation : il avait hâte de s’éloigner de ce lieu où il avait été si près de trouver la mort.

Grâce à la connaissance que le Mexicain avait du pays, le bois fut bientôt traversé, et les deux hommes, au bout d’une heure de marche à peine, arrivèrent sur le bord du del Norte, juste en face du village.

Leur course avait été si rapide, leur préoccupation si grande, qu’ils n’avaient pas échangé une parole, tant ils redoutaient à chaque instant de voir apparaître les peccaris.

Heureusement il n’en fut rien, et ils atteignirent le gué sans être inquiétés de nouveau.

Don Miguel s’était chargé des harnais de son cheval, il les jeta sur le sol et regarda autour de lui dans l’espoir de découvrir quelqu’un qui pût l’aider à traverser la rivière.

Son attente ne fut pas trompée : juste au moment où