Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/423

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Le Comanche lança sur son interlocuteur un regard qui le fit tressaillir.

— Voici mon dernier mot, dit-il ; je veux que les deux prisonniers me soient livrés.

— Ils le seront.

— Bon ; mais plus de perfidie, plus de trahison.

— Nous agirons loyalement, dit le général sans songer à relever autrement l’insulte que lui faisait l’Indien.

— Nous verrons ; mes guerriers et moi nous resterons sur la place jusqu’à ce que mon père ait exécuté ses promesses. Si, dans une heure, les prisonniers ne sont pas libres, les Visages Pâles que j’ai entre les mains seront impitoyablement massacrés et l'altepetl (la ville) mise au pillage. J’ai dit.

Un silence morne accueillit ces terribles menaces ; l’orgueil des Mexicains était dompté ; ils reconnaissaient enfin malgré eux que rien ne pourrait les soustraire à la vengeance du chef comanche.

Le général s’inclina en signe d’acquiescement sans avoir la force de répondre autrement ; la vue de la chevelure avait paralysé en lui toute velléité de lutter plus longtemps.

L’Unicorne sortit de la salle, remonta sur son cheval et attendit impassible l’exécution des promesses qu’on venait de lui faire.

Lorsque les Indiens eurent quitté la salle du conseil, les Mexicains se levèrent en tumulte ; chacun redoutait l’exécution des menaces du chef.

Le général Ventura fut pressé de tous les côtés de se hâter de ne pas courir les chances d’un manque de parole envers les Indiens.

Lorsque le gouverneur vit que ses officiers avaient