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V.

La blessure.

Au lever du soleil, don Miguel Zarate, monté sur un excellent cheval, quitta le Paso et se dirigea vers l’hacienda, qu’il habitait avec sa famille.

Cette hacienda était située à quelques nulles du presidio de San Elezario, dans une position délicieuse ; on la nommait l’hacienda de la Noria (la ferme du Puits).

La propriété habitée par don Miguel Zarate s’élevait au centre du vaste delta formé par le del Norte et le rio San-Pedro, ou rivière du Diable.

C’était une de ces fortes et massives constructions comme seuls les Espagnols savaient en bâtir lorsqu’ils étaient maîtres absolus du Mexique.

L’hacienda formait un grand parallélogramme soutenu, de distance en distance, par d’énormes contreforts de pierre de taille ; de même que toutes les habitations des frontières, qui sont plutôt des forteresses que des maisons, elle n’était percée sur la campagne que de rares et étroites fenêtres ressemblant à des meurtrières, et garnies de solides barreaux de fer.

Cette demeure était entourée d’un épais mur d’enceinte, garni à son sommet d’espèces de créneaux nommés almenas, qui indiquaient la noblesse du propriétaire.

En dedans de ce mur, mais séparés des appartements principaux, se trouvaient les communs, composés des écuries, des remises, des granges et du logement des peones.