Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/443

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Curumilla s’était levé ; il reparut apportant avec lui deux rifles, des pistolets et des couteaux.

— Mes frères n’avaient pas d’armes, dit-il en déposant son fardeau devant les deux Mexicains.

Ceux-ci le remercièrent avec effusion. Grâce à la prévoyance de l’Indien, qui songeait à tout, ils pouvaient désormais s’élancer hardiment dans le désert.

Quelques minutes plus tard, les cinq hommes dormaient profondément, ainsi que l’avait dit Valentin.

Nous profiterons de leur sommeil pour retourner auprès du Cèdre-Rouge, que nous avons laissé sur le point d’escalader la fenêtre de doña Clara, tandis que Fray Ambrosio et Andrès Garote, ses deux complices, faisaient le guet à chaque angle de la rue.

D’un bond, le bandit fut dans la chambre, après avoir d’un coup de poing enfoncé la fenêtre.

Doña Clara, éveillée en sursaut, se jeta en bas du lit en poussant des cris perçants à l’aspect de l’effroyable apparition qui surgissait devant elle.

— Silence ! lui dit le Cèdre-Rouge d’une voix menaçante en lui appuyant sur la poitrine la pointe de son poignard ; un cri de plus, et je vous tue sans pitié.

La jeune fille, tremblante de frayeur, leva sur le bandit un regard voilé par les larmes ; mais le visage du Cèdre-Rouge avait une telle expression de cruauté qu’elle comprit qu’elle n’avait rien à espérer de cet homme ; elle adressa du fond du cœur une prière au Seigneur et se résigna.

Le bandit bâillonna la pauvre enfant avec le rebozo qui gisait sur le lit, la plaça sur ses épaules et redescendit dans la rue par la fenêtre qu’il escalada une seconde fois.

Dès qu’il eut mis pied à terre, il siffla doucement