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Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/450

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feint étonnement Fray Ambrosio qui n’était pas dupe de la tricherie du gambusino ; mais je crois que nous ferions bien de nous hâter.

— De suite, dit Andrès, qui cacha ses cartes crasseuses dans ses bottes vaqueras, et se dirigea vers la chambre où la jeune fille était enfermée.

La jeune fille entra dans la salle, elle pleurait.

— Allons, allons, lui dit le gambusino, séchez vos larmes, señorita ; nous ne vous voulons pas de mal, que diable ! Qui sait ? tout cela finira peut-être mieux que vous ne croyez ; demandez plutôt à ce saint moine.

Fray Ambrosio fit un signe de tête affirmatif.

La jeune fille ne répondit pas aux consolations du gambusino ; elle se laissa déguiser sans résistance, mais en continuant de pleurer.

— En vérité, c’est folie, murmurait le digne Andrès Garote à part lui, tout en attifant sa prisonnière et en jetant un regard de convoitise sur les joyaux dont elle était parée, de gaspiller ainsi l’or et les perles. Ne vaudrait-il pas mieux s’en servir pour acheter quelque chose d’utile ? C’est qu’elle en a au moins pour trois mille piastres ! Quelle magnifique partie on ferait avec cela ! Quel superbe monté !… Et si ce démon de Cèdre-Rouge avait voulu !… Enfin nous verrons !… peut-être plus tard.

Tout en faisant ces judicieuses réflexions, le gambusino avait achevé la toilette indienne de la jeune fille.

Il compléta le déguisement en lui jetant un zarape sur les épaules ; puis, donnant un dernier coup d’œil à sa demeure, il fourra dans sa poche un jeu de cartes, resté par mégarde sur la table, but un large verre d’eau-de-vie et sortit enfin de la salle suivi de la jeune