Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/64

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est de notre devoir de donner un éclatant démenti à ces assertions malveillantes, et de prouver à ceux qui ont placé leur confiance en nous que nous sommes toujours prêts à nous dévouer pour la cause de l’humanité et de la civilisation. Je vous ai réunis ici pour une expédition de guerre que je médite depuis quelque temps déjà, et que nous exécuterons cette nuit même : nous allons attaquer la rancheria des Indiens Coras, qui, depuis quelques années, ont eu l’audace de s’établir tout près de cet endroit. Ce sont des païens et des voleurs qui ont mérité cent fois le châtiment sévère que nous allons leur infliger ; mais, je vous en prie, seigneurs cavaliers, pas de pitié malentendue ; écrasons cette race de vipères ; qu’il n’en échappe pas un seul ! la chevelure d’un enfant vaut autant que celle d’un guerrier ; ne vous laissez donc attendrir ni par les cris ni par les larmes ; scalpez ! scalpez toujours !


Cette harangue fut accueillie comme elle devait l’être, c’est-à-dire par des hurlements de joie.

— Seigneurs cavaliers, reprit le Cèdre-Rouge, le digne moine qui m’accompagne veut appeler les bénédictions du ciel sur notre entreprise ; à genoux pour recevoir l’absolution qu’il va vous donner.

Les bandits descendirent instantanément de cheval, ôtèrent leurs chapeaux et s’agenouillèrent sur le sable.

Fray Ambrosio récita alors une longue prière qu’ils écoutèrent avec une patience exemplaire, en répondant Amen à chaque verset, et la termina en leur donnant l’absolution.

Les Rangers se relevèrent, joyeux d’être ainsi débarrassés du lourd fardeau de leurs péchés, et se remirent en selle.