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Le Forestier

— Bon, et quelle est-elle ?

— Faites-moi connaître le prix que vous désirez pour la location de votre maison.

— Encore ?

— Toujours ou bien dites-moi franchement que vous ne voulez pas me la louer, et c’en partons plus.

— Enfin, puisque vous l’exigez, vous me paierez mille piastres par an est-ce trop ?

— C’est raisonnable, señor ; va pour mille piastres.

— Maintenant tout est terminé.

— Pas encore.

— Comment cela ?

— Attendez un instant, de grâce !

Fernan retira on portefeuille à fermoir d’or d’une poche de son pourpoint, chercha un instant parmi plusieurs papiers, en prit un, et le présentant à l’haciendero

— Connaissez-vous à Panama, dit-il, la maison Gutierrez, Esquiroz et compagnie ?

— Certes, señor conde, c’est la première maison de banque de la ville.

— Je suis heureux de ce que vous me dites là : voici un bon de mille piastres sur cette maison que vous ne refuserez pas alors ; ce bon est à vue, ainsi que vous pouvez vous en assurer.

— Oh senor conde s’écria l’haciendero, auquel un simple coup d’œil avait suffi pour reconnaître la validité du titre, je suis si bien convaincu qu’il est excellent, que je l’accepte les yeux fermés.

— Voilà donc qui est entendu. Veuillez me donner un reçu de ces mille piastres, y joindre l’adresse de la maison, qui maintenant est la mienne, ajouter un mot pour le gardien de la dite maison, et tout sera terminé.

Sur un signe de son maître, le mayordomo était sorti. Presque immédiatement il rentra, portant tout ce qu’il fallait pour écrire.

— Comment, comme cela tout de suite, dans cette salle, sans respirer ? dit en riant l’haciendero.

— Si cela ne vous contrarie pas, señor, je vous serai obligé d’y consentir, je dois partir demain au lever du soleil.

— C’est juste, señor conde.

Il écrivit alors le reçu qu’il remit au jeune homme ; celui-ci le renferma dans son portefeuille après l’avoir lu.