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Le Forestier

— Quant à l’adresse de la maison, continua l’haciendero, elle se nomme la Casa Florida ; votre guide indien vous y conduira les yeux fermés. Mon mayordomo vous portera les clefs ce soir même ; la maison n’a pas de gardien.

— Voici les clefs, dit le mayordomo en présentant un énorme trousseau au jeune homme, qui le remit à Michel, je les avais apportées avec moi.

— Merci ! maintenant, señor, il ne me reste plus qu’a vous adresser mes sincères remerciements pour votre gracieuse hospitalité et votre courtoisie.

— Señor conde, répliqua l’haciendero en s’inclinant, soyez convaincu que je suis heureux d’avoir trouvé l’occasion de vous être agréable. Me permettrez-vous de vous faire visite dans votre demeure ?

— C’est moi, señor, qui aurai l’honneur de me présenter chez vous aussitôt votre arrivée à Panama.

— Tout le monde vous indiquera ma demeure.

— De mon côté, señor conde, dit le capitaine, je me mets à votre disposition pour visiter le port, la ville et même mon navire, à bord duquel je serai heureux de vous recevoir.

— J’accepte de grand cœur votre invitation, capitaine : j’en profiterai avec plaisir.

— Ainsi vous partez définitivement ?

— Au lever du soleil, oui, il le faut ; je prendrai même, si vous me le permettez, congé de vous, à l’instant même, car je vous avoue que je suis brisé de fatigue.

Le père Sanchez prononça les grâces, et on se leva de table.

Le jeune homme prit alors congé de ses hôtes et se retira après avoir échangé avec doña Flor un sourire d’une expression singulière.

Arrivé à la porte, Fernan se retourna ; la jeune fille, un doigt posé sur ses lèvres, le regardait en souriant.

— Que veut-elle me dire ? murmura-t-il.

Il sortit alors, précédé du mayordomo qui l’éclairait et suivi de Michel et de t’haciendero.

Don Jésus s’obstinait à conduire lui-même don Fernan jusqu’à sa chambre à coucher, afin de s’assurer que rien ne manquait à son hôte.

Le jeune homme fut contraint de céder à ce caprice, qu’il attribuait intérieurement a un excès de courtoisie.

Le mayordomo ouvrit plusieurs portes, traversa plusieurs salles et, finalement, il introduisit les étrangers dans une pièce qui n’était pas celle où ils avaient été conduits la première fois.

Cette pièce, vaste et éclairée par trois fenêtres de style ogival et dont le