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Le Forestier

écrite par Olivier Oexemelin, secrétaire du gouverneur, qui plus tard devait se faire l’historien des aventuriers de l’ile de la Tortue.

Après lecture, cet acte fut signé par tous les chefs présents, en leur nom et en celui de ceux qui étaient absents, et la minute déposée, revêtue du sceau de M. d’Ogeron, dans les archives du gouvernement ; un double fut remis à l’amiral.

Il était prés de midi lorsque le conseil leva enfin la séance ; ses membres se dirigèrent immédiatement vers la taverne du Saumon Couronné, où les Frères de la Côte étaient convoqués pour l’enrôlement.

On voit par ce qui a été dit plus haut que jamais expédition flibustière n’avait jusqu’alors réuni d’aussi grands noms. Tous les Frères de la Côte les plus célèbres en faisaient partie.

Une large estrade avait été dressée dans le fond de la grande salle de la taverne sur cette estrade, recouverte d’un tapis, étaient disposés des sièges pour le gouverneur et les chefs principaux de l’expédition ; à droite et à gauche, au pied de l’estrade, deux tables, derrière lesquelles étaient assis des secrétaires, chargés de faire signer les volontaires.

Les portes et les fenêtres de l’auberge étaient ouvertes, de sorte que la foule, pressée au dehors et qui n’avait pu trouver place à l’intérieur, non seulement voyait tout ce qui se passait, mais encore ne perdait pas un mot de ce qui se disait.

Montbarts, M. d’Ogeron, Morgan et les autres flibustiers prirent place sur l’estrade.

Midi sonna.

Les deux secrétaires frappèrent avec le manche de leur poignard deux coups secs sur les tables placées devant eux.

Aussitôt toute cette foule hurlante, grouillante, tumultueuse, qui ondulait avec des froissements étranges, devint immobile et se calma subitement, comme les flots irrités de la mer au Quos eyo ! prononcé par Neptune en courroux.

Un silence de mort plana sur cette multitude.

Montbarts se leva, salua gracieusement l’assistance et prononça un long discours.

Ce discours qu’il est inutile de rapporter, mais qui touchait les intérêts les plus chers des aventuriers, les passionna vivement.

Puis on lut la chasse-partie générale, et celle qui contenait les nominations faites par les membres du conseil de guerre.