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— Très bien, c’est ainsi que je l’entends ; mais rassurez-vous, votre captivité ne sera ni dure ni longue ; je tiendrai strictement les promesses que je vous ai faites, si de votre côté vous tenez les vôtres. Allez donc et à bientôt.

L’Espagnol, sans répondre, se plaça de lui-même entre ses deux gardiens et sortit avec eux.

Montbars demeura seul.


XVI

LA VENTE DES ESCLAVES

Au bout d’un instant Montbars se leva, reprit son manteau qu’il avait en entrant jeté sur un siège et se prépara à quitter la maison.

Sur le seuil de la porte il se trouva face à face avec le capitaine Drack.

— Eh ! fit celui-ci, te voilà, frère ?

— Oui, j’ai déjeuné chez toi.

— Tu as bien fait.

— M’accompagnes-tu à la vente ?

— Je n’ai pas besoin d’engagés.

— Ni moi, mais tu sais que l’enrôlement commencera aussitôt après.

— C’est juste, laisse-moi seulement dire un mot à mon engagé et je te suis.

— Ton engagé est sorti.

— Bah ! je lui avais recommandé de ne pas quitter la case.

— Je l’ai chargé d’une commission.

— Alors c’est différent. Les deux flibustiers s’éloignèrent en causant.

— Tu ne me demandes pas quelle est la commission que j’ai donnée à ton engagé ? dit Montbars au bout d’un instant.

— Pourquoi faire ? cela ne me regarde pas, je suppose.

— Plus que tu ne le crois, frère.

— Bah ! comment cela ?

— Tu avais donné l’hospitalité à un étranger, n’est-ce pas ?

— En effet, mais qu’a de commun ?…

— Tu vas voir ; cet étranger que tu ne connais pas, car tu ne le connais aucunement ?

— Ma foi non ! que m’importe qui il est ? l’hospitalité est une de ces choses qui ne se peuvent refuser.

— C’est vrai, mais j’ai reconnu cet homme.

— Ah ! ah ! et qui est-il donc ?

— Rien moins qu’un espion espagnol, frère.

By God ! fit le capitaine en s’arrêtant tout net.

— Qu’as-tu donc ? qu’est-ce qui te prend ?