Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/106

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— Ooah ! le chasseur pâle dit-il vrai, fit le chef avec une émotion qu’il ne parvint pas à dissimuler ; a-t-il réellement gardé le souvenir de son frère le Cerf-Noir ?

— Ah ! chef, reprit tristement le chasseur, en douter plus longtemps serait me faire injure ; comment pouvais-je supposer jamais vous rencontrer ici, à une si considérable distance des calli (huttes) de votre nation ?

— C’est vrai, répondit l’Indien, d’un air pensif, que mon frère me pardonne.

— Eh quoi ! s’écria Tranquille, l’Oiseau-qui-chante, cette frêle enfant que si souvent j’ai fait sauter sur mes genoux, est la charmante femme que je vois ici ?

— Hou-Ohpec est la femme d’un chef, répondit l’Indien, flatté du compliment ; il y aura quarante-cinq lunes à la prochaine chute des feuilles que le Cerf-Noir l’a achetée à son père pour deux mustangs et un carquois en peau de panthère.

L’Oiseau-qui-chante sourit gracieusement au chasseur, et se remit à vaquer à ses occupations.

— Le chef me permettra-t-il de lui adresser une question ? reprit Tranquille.

— Mon frère peut parler, les oreilles d’un ami sont ouvertes.

— Comment le sachem a-t-il su qu’il me trouverait ici ?

— Le Cerf-Noir l’ignorait, ce n’est pas le grand chasseur pâle qu’il cherchait ; le Wacondah a permis qu’il retrouvât un ami, il l’en remercie.

Tranquille le regarda d’un air étonné.

Le guerrier sourit.