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LES FRANCS TIREURS

engagements, qu’il ne se donna pas même la peine de s’en assurer.

Aussitôt qu’il fut seul, il referma la trappe, fit jouer le ressort de la porte secrète, et quitta à son tour le salon pour s’engager dans le corridor obscur par lequel, à l’entrée du général, ses amis avaient disparu à la suite de John Davis, l’ex-trafiquant d’esclaves.

Ce corridor, après quelques détours, aboutissait à une salle assez vaste où tous les conjurés étaient réunis silencieux et sombres, attendant, la main sur leurs armes, que leur chef réclamât leur intervention.

Lanzi se tenait en vedette à l’entrée de la salle afin d’éviter toute surprise ; le Jaguar reprit son masque, passa ses pistolets à sa ceinture et entra ; en le voyant au milieu d’eux les conjurés firent un mouvement de joie réprimé aussitôt par un geste du jeune homme.

— Mes compagnons, dit-il d’une voie triste, j’ai à vous annoncer une mauvaise nouvelle. Si mes mesures n’avaient pas été aussi bien concertées, en ce moment nous serions tous prisonniers. Un traître s’est glissé parmi nous, cet homme a donné au gouverneur les renseignements les plus positifs et les plus détaillés sur nos projets. Un miracle seul nous a sauvés.

Un frémissement d’indignation parcourut les rangs des conjurés, par un mouvement instinctif ils s’éloignèrent les uns des autres en se lançant de sinistres regards et en portant la main à leurs armes.

Cette vaste salle, éclairée seulement par une lampe fumeuse dont les lueurs rougeâtres faisaient à cha-