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LES FRANCS TIREURS

niam et le capitaine, il la descendit en toute hâte dans la cabine.

— Capitaine ! capitaine ! cria un mousse en se précipitant dans la chambre, les Mexicains ! les Mexicains !

Pendant que les Texiens s’occupaient à transborder leurs blessés, persuadés que les barques mexicaines avaient été toutes, ou du moins la plus grande partie, coulées par le navire, ils n’avaient pas songé à surveiller des ennemis qu’ils croyaient anéantis. Ceux-ci avaient habilement profité de cette négligence pour se rallier, et, se réunissant sous l’avant du brick, ils s’étaient audacieusement élancés à l’abordage en grimpant après les chaînes de haubans, la civadière et tous les bouts de corde qu’il leur avait été possible de saisir. Heureusement maître Lovel avait fait tendre le soir précédent les filets d’abordage. Grâce à cette sage précaution du vieux marin, la surprise désespérée des Mexicains n’obtint pas le succès qu’ils s’étaient promis.

Les Texiens, obéissant à la voix de leur capitaine, saisirent de nouveau leurs armes et se précipitèrent sur les Mexicains déjà presque maîtres de l’avant du navire où ils commençaient à s’affermir.

Tranquille, Quoniam, le capitaine Johnson et Lovel, armés de haches, l’œil étincelant et la lèvre frémissante, s’étaient placés au premier rang et excitaient par leur exemple leurs hommes à bien faire leur devoir.

Alors, sur un espace restreint de dix mètres carrés au plus, commença un de ces effroyables combats maritimes, sans ordre et sans tactique, où la rage et la force brutale suppléent à la science.