Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/61

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Ruperto reparut. Cette fois il avait quitté son air goguenard et portait des provisions de bouche dans une corbeille.

L’aventurier offrit ces provisions au capitaine avec une politesse rude, mais où l’on devinait cependant l’intention d’être agréable.

Le capitaine accepta avec empressement les vivres qui lui étaient offerts et mangea avec un appétit qui l’étonna lui-même, après une chute aussi grave.

— Eh ! observa Ruperto, quand je disais que vous seriez bientôt guéri ! C’est comme le capitaine, il est frais comme un floripondio, jamais il ne s’est si bien porté.

— Dites-moi, mon ami, répondit don Juan, me sera-t-il permis de parler à votre chef ?

— Très-facilement, d’autant plus qu’il paraît que de son côté il a quelque chose à vous dire.

— Ah !

— Oui, il m’a même ordonné de vous demander si lorsque vous auriez mangé vous consentiriez à avoir avec lui un entretien.

— De grand cœur, je suis complètement à ses ordres, d’autant plus, ajouta en souriant le capitaine, que je suis son prisonnier.

— Ça, c’est un fait. Eh bien ! mangez tranquillement, pendant ce temps-là je vais faire votre commission.

Ruperto quitta alors le capitaine, qui ne se fit pas répéter l’invitation et attaqua vigoureusement les vivres déposés devant lui.

Son repas fut bientôt terminé et depuis quelque temps déjà il se promenait de long en large lorsque le Jaguar arriva.