Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/63

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question à vous adresser, me promettez-vous d’y répondre ?

— Sur mon honneur ! si cela m’est possible.

Le Jaguar se recueillit un instant, puis il reprit :

— Vous me haïssez, n’est-ce pas ?

— Moi ? s’écria vivement le capitaine.

— Oui !

— Qui vous fait supposer cela ?

— Que sais-je ? fit avec embarras le Jaguar, mille raisons, l’acharnement avec lequel, il y a quelques heures, vous avez cherché à m’arracher la vie.

Le capitaine se redressa, son visage prit une expression grave que jusqu’à ce moment il n’avait pas eue.

— Je serai franc avec vous, caballero, dit-il, je m’y suis engagé.

— Je vous remercie d’avance.

L’officier reprit :

— De vous à moi, personnellement, il ne peut exister de haine, de mon côté, du moins ; je ne vous connais pas, hier je vous ai vu pour la première fois ; jamais, que je sache, vous n’avez ni de près ni de loin été mêlé à ma vie ; je n’ai donc aucune raison de vous haïr. Mais à côté de l’homme il y a le soldat : comme officier de l’armée mexicaine…

— Assez, capitaine, interrompit vivement le jeune homme, vous m’avez appris tout ce que je désirais savoir ; les haines politiques, toutes terribles qu’elles soient, ne sont cependant pas éternelles. Vous faites votre devoir comme je crois faire le mien, c’est-à-dire le mieux qu’il vous est possible ; à cela je n’ai rien à objecter. Malheureusement, au lieu de