Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/75

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d’un repos si chèrement acheté. Don José-Maria n’aurait peut-être pas mieux demandé que de suivre cet exemple ; mais sa famille à lui, c’était l’armée, il n’en avait ou du moins il ne s’en connaissait plus d’autre. Pendant les dix années de combats qui venaient de s’écouler, le général avait perdu complétement de vue tous les parents qu’il avait. Son père, dont il avait par hasard appris la mort, était la seule personne dont l’influence eût pu l’exciter à abandonner la carrière militaire. Mais le foyer paternel était éteint ; rien ne l’attirait plus vers la province ; il demeura donc sous les drapeaux, non par ambition : nous le répétons, le brave soldat se rendait justice et reconnaissait parfaitement qu’il avait atteint une position bien supérieure à celle que jamais il aurait osé désirer ; mais afin de ne pas rester seul et de ne pas abandonner de vieux amis avec lesquels il avait si longtemps souffert, combattu, en un mot partagé la bonne et la mauvaise fortune.

Les différents chefs qui, immédiatement, commencèrent à convoiter le pouvoir et à se succéder au siége présidentiel, loin de redouter le général dont le caractère simple et honnête leur était connu, recherchèrent au contraire son amitié et s’attachèrent à lui prodiguer les preuves de la plus franche et de la plus réelle protection, convaincus qu’il se garderait bien de jamais en abuser.

À l’époque où les Texiens commencèrent à s’agiter et à revendiquer leur indépendance, le gouvernement mexicain, trompé dans le principe par les agents chargés de surveiller cet État, n’envoya que des forces insuffisantes pour rétablir l’ordre et étouffer les désordres ; mais bientôt l’agitation prit