portons sans y songer, mais encore nous y trouvons des jouissances inouïes.
— C’est vrai, observa le Cœur-Loyal ; mais les dangers que des hommes tels que nous peuvent braver, il serait injuste et cruel d’y astreindre une femme, une jeune fille à peine sortie de l’enfance et dont la vie s’est écoulée jusqu’à ce jour exempte de soucis, de privations et de fatigues d’aucunes sortes.
— Oui, appuya Lanzi.
— Voilà justement la question, continua Tranquille ; bien qu’il m’en coûte de me séparer d’elle, Carméla ne peut plus longtemps demeurer avec nous.
— Ce serait vouloir la tuer, fit le Cœur-Loyal.
— Ce qui ne serait pas long. Pauvre chère petite ! grommela Lanzi.
— Oui ; mais à qui la confier, maintenant que la venta est détruite ?
— C’est épineux, observa Lanzi.
— Mais, dit le Cœur-Loyal, n’êtes-vous pas tigrero de l’hacienda del Mezquite ?
— En effet.
— C’est cela ! s’écria le métis ; voilà une bonne idée. Elle ne me serait pas venue à moi.
— Quelle idée ? demanda le Canadien.
— Le maître de l’hacienda, reprit le Cœur-Loyal, ne vous refusera pas de recevoir Carméla chez lui.
Le chasseur secoua négativement la tête.
— Non, non, dit-il ; si je le lui demandais, je suis convaincu qu’il y consentirait ; mais cela ne doit pas être.
— Pourquoi donc ?
— Parce que le propriétaire du Mezquite n’est