Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/105

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— Ôtez-le donc sans retard. Est-ce que vous le portiez hier ?

— Certes ; ne vous ai-je pas dit, docteur, que toujours je le conservais à mon doigt ?

Le docteur sembla réfléchir.

— Quel malheur, dit-il, que je n’y aie pas pensé plus tôt !

— À quoi, cher docteur ? demanda-t-elle curieusement.

— Oh ! maintenant, le mal est sans remède ; il est trop tard ! reprit-il en se frappant le front ; comment n’ai-je pas songé à cela ?

— Expliquez-vous, je vous prie.

— À quoi bon ? À présent, cet oubli est irréparable.

— Dites toujours, docteur ; qui sait ? peut-être vous trompez-vous ?

M. d’Hérigoyen secoua deux ou trois fois la tête d’un air dépité.

— Dites, dites, je vous en prie, mon bon docteur, reprit-elle d’une voix câline.

— Vous le voulez ?

— Je le désire, docteur.

— Eh bien ! madame, la vue de cet anneau de mariage m’a fait surgir une idée que… si je l’avais eue hier, il nous aurait été facile de mettre à exécution et qui aurait encore augmenté vos chances de succès, en arrêtant net les recherches que l’on sera peut-être tenté de faire pour vous retrouver.

— Comment cela ? Je ne vous comprends pas, docteur.

— C’est une idée excessivement simple, mais ce sont toujours celles-là qui viennent trop tard. En un mot, voilà ce que nous aurions fait hier et ce que, malheureusement, nous ne pouvons plus faire aujourd’hui. J’aurais pris votre alliance et les vêtements que vous portiez alors ; j’en aurais couvert un cadavre quelconque — je sais où m’en procurer quand j’en ai besoin — et j’aurais remis ce cadavre dans la fosse dont je vous ai si heureusement sortie ; cela m’aurait été d’autant plus facile qu’en qualité de médecin j’achète souvent des corps pour servir à mes expériences. J’aurais par