Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/114

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Les meubles n’étaient ni dérangés ni ouverts ; les clefs étaient restées sur les serrures des tiroirs.

Le feu s’était éteint faute d’aliments ; la lampe avait brûlé jusqu’à ce que toute l’huile lui eût manqué, ainsi que le prouvaient l’état de la mèche et le verre noirci par la fumée.

Des bijoux de prix laissés dans des coupes d’onyx sur la cheminée, ou épars sur certains meubles, par conséquent faciles à enlever, repoussaient toute idée de vol.

Dans l’oratoire et le cabinet de toilette, il en était de même ; il n’y avait eu ni lutte ni violence. La marquise avait seulement changé sa toilette de jour pour prendre celle de chambre. Celle-ci manquait. Elle était donc sortie en pantoufles, sans chapeau et en robe de chambre. Toutes ses autres toilettes autant que l’on pouvait le constater, étaient placées dans leur ordre accoutumé.

Le commissaire de police demanda quel était le costume de chambre de la marquise. L’intendant le décrivit : c’était une robe de mousseline blanche, à pèlerine, montante, serrée aux hanches par une espèce de cordelière ; ce costume ne se retrouva pas.

Tous les vêtements de la marquise étaient intérieurement marqués à son chiffre, le linge de même.

Cependant les agents avaient terminé l’examen des murailles.

— Eh bien ? demanda le commissaire de police.

— Chou blanc ! répondit l’agent Pierron.

— Comment, chou blanc ? Il doit exister une porte ; la marquise ne s’est pas envolée par la cheminée, que diable !

— Je ne nie pas l’existence de la porte secrète, monsieur ; je dis seulement qu’il est impossible de la trouver, voilà tout.

— Allons donc ! vous n’avez pas bien cherché !

— Vous m’excuserez, monsieur le commissaire, mes collègues et moi, nous avons travaillé en conscience ; permettez-moi de vous faire observer que, n’étant pas du pays, vous ignorez sans doute que cette maison a plus