Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/121

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L’agent, sans répondre, s’approcha de la muraille, l’examina un instant, découvrit le ressort, le pressa et la muraille tourna sur elle-même.

— Nous voici à la rivière, dit l’agent ; regardez, monsieur ; le canot a abordé ici ; il a été traîné sur le sable ; voyez, sans doute personne n’est resté pour le garder ; cela se comprend, ils n’étaient que deux dans le canot, n’est-ce pas ?

— Deux ou trois, on n’est pas bien sûr ; il faisait nuit, et l’on ne distinguait que difficilement l’embarcation, reprit le juge ; n’importe ! Remontons, nous avons appris tout ce que nous désirions savoir ; monsieur le commissaire, faites, je vous prie, préparer au plus vite plusieurs embarcations, nous avons une dernière course à faire.

Le commissaire transmit aussitôt cet ordre à un agent, qui s’élança en courant en avant.

On rentra dans le souterrain. Le policier fit refermer la muraille.

— Commencez-vous à voir clair dans ce mystère monsieur ? demanda l’agent parisien au juge d’instruction lorsqu’ils rentrèrent dans la chambre à coucher.

— Oui, reprit le juge. Rien ne vous échappe. Vous êtes un fin limier, monsieur.

— J’espère avant peu justifier cet éloge, qui, sortant de votre bouche, m’est précieux, monsieur, répondit le policier en s’inclinant.

Les portes furent refermées, les scellés rétablis, et l’on sortit sur le quai, où une grande foule s’était assemblée et commentait, à sa manière, les opérations de la justice.

Quatre barques attendaient.

Juge d’instruction, commissaire de police, agents et gendarmes s’embarquèrent.

D’autres barques remplies de curieux suivirent de loin ; à chaque coude de la Nivelle, d’autres barques rejoignaient, de sorte que, lorsqu’on arriva devant la maison hantée, il y avait une véritable flottille de canots sur la rivière.