Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/120

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siècle et portait la date de 1594, c’est-à-dire remontait à Henri IV, roi de Navarre et de France. J’examinai attentivement ces deux plans, pendant plusieurs heures, les étudiant et les comparant l’un à l’autre. Dans le second plan, la citadelle était devenue un château féodal, fortifié encore, mais prenant déjà des allures pacifiques ; bien des changements avaient été opérés entre les deux époques, mais le gros œuvre, la construction primitive était restée la même. Je finis par découvrir que les passages secrets, les portes dérobées existant dans le premier plan, se retrouvaient dans le second, d’une façon identique ; dès lors, il ne me restait plus qu’à retrouver les positions exactes, ce qui me fut facile. Je suis étonné que la pensée de faire ces recherches ne soit venue à personne avant moi.

Les agents, le commissaire et le juge d’instruction étaient dans l’admiration.

— Vous avez raison, dit le juge, mais cette pensée vous seul l’avez eue et l’avez exécutée.

— Oh ! dit l’agent avec un accent intraduisible, et en clignant l’œil droit, c’est l’œuf de Christophe Colomb, pas autre chose.

Le juge d’instruction sourit.

— Voyons un peu cet escalier, dit-il.

Des bougies furent allumées et l’on descendit ; arrivé dans le souterrain, l’agent releva la lanterne abandonnée :

— Voici la lanterne avec laquelle le ravisseur s’est éclairé, vous remarquerez que c’est un fanal de marine.

— En effet, dit le juge, le nom du navire auquel il appartient est gravé dessus ; voyons un peu, éclairez-moi.

On approcha les bougies.

Le juge d’instruction lut :

El Relampago, l’Éclair, traduisit-il aussitôt ; c’est un bâtiment espagnol.

— Le mystérieux navire en question, sans doute, dit l’agent.

— Conservez ce fanal, c’est une pièce de conviction, dit le juge. Continuons ; mais nous voici à une muraille !