diens nomades, se présentent au château de Nangis, pour y passer la nuit dans une grange ; parfois le jeune homme faisait un mouvement comme pour reprendre la lecture.
Mais ce mouvement était aussitôt réprimé, et de nouveau il se plongeait dans sa rêverie.
Tout à coup la porte s’ouvrit brusquement et le docteur entra.
Julian tressaillit et se redressa aussitôt.
— Hé ! s’écria le docteur, que fais-tu donc, paresseux ? Dieu me pardonne, tu dors, je crois, bercé par l’orage qui gronde au dehors !
— Non point, je ne dors pas, mon père ; je lis. Mais vous arrivez, il me semble, de bien bonne heure, ce soir, père ; je ne vous attendais pas avant neuf heures, au plus tôt.
— Serais-tu donc contrarié de me voir arriver de meilleure heure que tu ne l’espérais ?
— Vous ne le croyez pas, mon père ; vous savez avec quelle inquiétude je vous vois entreprendre ces longues courses de nuit, à travers des chemins impraticables, par des temps comme celui qu’il fait aujourd’hui.
— Es-tu prêt ? Le souper est servi.
— Je n’attendais que votre retour, père, pour me mettre à table.
— Alors, viens ; je meurs de faim. Pendant toute la journée, je n’ai pas trouvé un moment pour manger un morceau en route.
— Allons vite, alors, dit en riant le jeune homme.
Ils passèrent dans la salle à manger et prirent place en face l’un de l’autre.
La table était plantureusement servie.
Des servantes, placées près de chaque convive, leur permettaient de se servir eux-mêmes et les dispensaient d’avoir derrière eux les longues oreilles de leur ménagère.
C’était précisément à cause d’elle que le docteur avait adopté cette mode, fort en honneur dans certains petits soupers de la Régence et du Directoire.