Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/138

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— Bah ! qu’importe cela ? D’ailleurs, il a quitté le pays, sans doute pour ne pas être exposé à te rencontrer.

— Non, vous vous trompez, mon père, ce n’est pas pour cela. Felitz Oyandi est vaniteux et vindicatif, c’est une méchante nature. Il est parti pour machiner quelque trahison. Cet homme est mon ennemi mortel.

— Bon, tu es fou ! ennemi mortel parce que vous vous êtes battus comme deux fous à propos de je ne sais quoi.

— Ah ! voilà, père, dit le jeune homme en rougissant, c’est que ce combat n’est pas venu comme vous le supposez à la suite d’une querelle futile : la cause en est très sérieuse, au contraire.

— Parle, voyons ; tu commences à m’inquiéter.

— Je vous dirai tout, mon père, il le faut, d’ailleurs je l’avais résolu depuis longtemps déjà ; je ne veux et je ne puis avoir de secret pour vous.

— Des secrets, toi, garçon ? qu’est-ce que cela signifie ?

— Vous allez tout savoir, mon père, seulement promettez-moi de me laisser parler sans m’interrompre ; je vous avoue que si vous me coupiez la parole, je crois que je n’aurais pas la force d’achever cette confession.

— Que signifie ce mot de confession, et que vient-il faire là, garçon ?

— Vous allez en juger, père, si vous me permettez de…

— Parle donc, au nom de Dieu ! interrompit le docteur, car tu commences à m’effrayer réellement.

— Mon père, vous vous souvenez sans doute de Denisà de Mendiri avec laquelle j’ai été presque élevé…

Le docteur appliqua un si furieux coup de poing sur la table, que plats, assiettes, verres et bouteilles, s’entrechoquèrent avec un bruit de mauvais augure.

— Allons ! s’écria-t-il, une amourette !

— Non, mon père, répondit d’un pénétré le jeune homme, un amour profond !

— Tu aimes Denisà ?