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échelon de l’échelle sociale. D’ailleurs, ni toi ni moi, nous ne nous occupons de politique ; donc, toutes réflexions faites, nous avons peur de notre ombre, et en réalité nous n’avons rien à redouter.

Sur ces derniers mots, ils se levèrent de table.

Le docteur se retira dans sa chambre pour écrire les lettres convenues, et Julian rentra dans son cabinet de travail.


IX

DANS LEQUEL LE DOCTEUR RECONNAÎT QU’IL A EU TORT
DE VOULOIR MARIER SON FILS À SA GUISE.


Quelques jours s’écoulèrent.

Le père et le fils se boudaient.

Le docteur ne pardonnait pas à son fils de s’être engagé envers la famille Mendiri sans son autorisation.

Julian gardait rancune à son père d’avoir eu la pensée de le marier contre son gré à une femme qu’il ne connaissait pas, et dont le nom n’avait même jamais été prononcé devant lui.

Il ne comprenait pas comment son père, qui, lui, s’était marié par amour et presque contre la volonté de sa famille, prétendait le contraindre à contracter une union dans laquelle, si honorable quelle fût, il ne trouverait jamais le bonheur.

Le jeune homme se raidissait dans son opposition, et s’affermissait de plus en plus dans la résolution qu’il avait prise de résister quand même à son père ; mais dans certaines limites.

C’est-à-dire que, ainsi qu’il le lui avait déclaré à lui-même, ou il épouserait celle qu’il aimait, ou il renoncerait définitivement au mariage, quelles qu’en dussent être plus tard les conséquences pour son bonheur à venir.

De son côté, le docteur réfléchissait lui aussi.