Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/147

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— Bravo ! voilà de l’exactitude, dit le docteur en se frottant les mains ; Moucharaby arrive de Bayonne juste à l’heure dite.

Julian regarda son père comme s’il s’éveillait en sursaut.

— Que fais-tu aujourd’hui ? lui demanda le docteur.

— Rien, mon père. Je me sens un peu indisposé ; je compte garder la chambre.

— Voilà qui est fâcheux, dit le docteur d’un air narquois j’aurais désiré que tu m’accompagnasses dans une visite que je me propose de faire après déjeuner.

— Si vous me l’ordonnez, mon père, je vous obéirai, répondit froidement le jeune homme.

— Bon ! ai-je des ordres à te donner ? N’es-tu pas ton maître, fit le docteur en haussant les épaules. Je te proposais de m’accompagner parce que je pensais que cela te ferait plaisir de voir la personne chez laquelle je me rends. Il en est autrement, à ton aise, j’irai seul.

En ce moment une porte s’ouvrit et Moucharaby parut.

Il tenait une large lettre à la main.

— Ah ! ah ! te voilà de retour, dit le docteur en se retournant vers lui.

— Oui, major, à l’heure dite, avec la réponse, dit-il en tendant le pli.

Le docteur versa une large rasade et la présenta à l’ex-chasseur d’Afrique, tout en prenant la lettre.

— Bois un coup, et vas déjeuner ; la course t’aura donné de l’appétit, hein ?

— Un peu, oui, major ; à votre santé respectueuse et à celle de M. Julian, sans comparaison.

Il vida le verre d’un trait, le reposa sur la table, fit claquer sa langue, tourna sur les talons et sortit en suçant ses moustaches.

Cependant le docteur avait décacheté la lettre après avoir dit à son fils :

— Tu permets garçon, c’est une affaire pressée.

Il s’était mis à la lire.