Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/151

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j’aime le plus au monde ; entre vous deux, je défie le malheur de m’atteindre jamais !

Le cabriolet attendait attelé dans la cour, sous la garde de Moucharaby.

Le père et le fils montèrent et partirent.

Les deux hommes étaient strictement vêtus de noir ; le docteur portait au cou la croix de commandeur de la Légion d’honneur et, à sa boutonnière, une brochette supportant plusieurs croix microscopiques.

Derrière le cabriolet, Moucharaby se tenait droit comme à la parade, revêtu du costume demi-civil, demi-militaire, qu’il avait adopté.

Messieurs d’Hérigoyen faisaient une visite de cérémonie dans toutes les formes.

Denisà rougit jusqu’aux cheveux et sentit battre son cher petit cœur dans sa poitrine, lorsque la vieille servante de sa famille annonça à l’improviste les noms des visiteurs, et qu’elle les vit entrer en grande cérémonie.

La visite, commencée en observant toutes les formalités exigées par l’étiquette pour une demande en mariage, reprit bientôt toutes les apparences de la cordialité et d’une bonne et sincère amitié, lorsque la demande eut été faite et agréée.

Le docteur reprit sa bonhomie habituelle.

Tandis que les deux amoureux chuchottaient dans un coin, comme deux oiseaux jaseurs, les parents discutèrent entre eux et arrêtèrent les conditions du mariage ; conditions d’autant plus faciles à établir que la future ne possédant rien et n’apportant en dot que son trousseau, son cœur et sa charmante personne, le docteur donnait le reste, c’est-à-dire une dizaine de mille livres de rente le jour du mariage, sa clientèle dès qu’il se retirerait, et le reste de sa fortune, environ vingt mille livres de rente, après sa mort.

Tout cela fut dit et convenu en quelques mots.

M. et Madame Mendiri pleuraient de joie ; jamais ils n’avaient rêvé un aussi beau mariage pour leur fille.