Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/150

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maintenant, ne songeons plus qu’à nous réjouir ; eh bien, crois-tu pouvoir renouer l’affaire en question ?

— Je vous avoue, père, que vous avez deviné mieux que moi-même, j’étais un présomptueux ; je ne me sens pas le courage nécessaire pour renouer ce mariage si complètement rompu et, puisque M. Salneuve vous rend votre parole, tenons-nous en là ; qui sait si cette rupture ne fait pas autant plaisir à la jeune fille que vous vouliez me faire épouser, qu’elle m’en fait à moi-même ? Peut-être aime-t-elle quelqu’un, elle aussi ? Mais, laissons cela ; vous m’aviez proposé de vous accompagner dans une visite que vous vous proposiez de faire ; je suis prêt, mon père, nous partirons quand vous voudrez.

— Mais tu es malade, m’as-tu dit ?

— Je l’étais, mon père, je souffrais horriblement, en effet ; mais la lecture de cette lettre m’a subitement guéri ; d’ailleurs je ne veux plus vous laisser partir seul, je suis trop bien près de vous ; venez, père ; où allons nous ?

— À quelques pas seulement, garçon ; ne faut-il pas que je fasse une visite à la famille Mendiri dans laquelle tu veux entrer ? Et puis, je suis curieux de voir Denisà, et de la gronder bien fort, pour m’avoir enlevé le cœur de mon fils.

— Mon père, tant que je vivrai, mon cœur ne battra que pour vous et pour elle. J’espère que mon mariage ne nous séparera pas et que nous continuerons à vivre, vous et moi, sous le même toit.

— Mon garçon, ce que tu me dis là me fait oublier ce que j’ai souffert depuis quelque temps. Que ferais-je ? Comment vivrais-je loin de toi ? Cela ne me serait point possible ; je mourrais bientôt si tu m’abandonnais ; mais, sois tranquille, je ne tiendrai pas grande place dans ta maison, je ne te gênerai pas.

— Oh ! mon père, pouvez-vous parler ainsi ! Ne savez-vous pas que mon bonheur ne serait pas complet si vous me manquiez, si je ne vous sentais pas là, auprès de moi. Vous et Denisà, mon père, vous êtes les êtres que