Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/156

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raturées, avaient un certain parfum de poésie, tout à fait réjouissant.

D’ailleurs, de tout temps, les amoureux ont éprouvé le besoin de faire des vers à celle qu’ils aiment.

— Tiens, c’est toi, Bernardo ! s’écria Julian en se levant et jetant un papier sur la page à demi-pleine qu’il écrivait. Quel bon vent t’amène ?

— J’ai bien peur, mon Julian, répondit le jeune homme, que ce soit au contraire un mauvais vent.

— Que veux-tu dire, mon Bernardo ? Sur ma parole, tu as l’air sinistre ; explique-toi. Serait-il arrivé malheur à quelqu’un de nos amis ?… la montagne est mauvaise, dans cette saison !

— Grâce à Dieu, mon Julian, tous nos amis sont en bonne santé ; ce n’est pas cela… j’arrive de Serres.

— Eh bien ?

— J’ai appris là une nouvelle des plus désagréables.

— Pour moi ?

— Pour toi, oui, mon Julian.

— Bon ! comment cela ? Je ne connais personne à Serres, moi !

— Si, tu connais quelqu’un, sinon à Serres positivement, du moins dans les environs.

— Je ne comprends absolument rien à tout ce que tu me dis, voudrais-tu me parler de la famille Oyandi ?

— Précisément, mon Julian.

— Qu’ai-je à voir avec eux ? le seul de la famille que je connaisse, est Felitz Oyandi, et, depuis près d’un mois, il est parti pour Paris, ne se souciant pas sans doute de se retrouver avec moi.

— Ou pour tramer quelque complot contre toi, mon Julian.

Le jeune homme le regarda fixement.

— Il y a quelque chose ? lui dit-il.

— Eh bien oui, il y a du nouveau ; Felitz Oyandi est revenu hier de Paris ; il est plus fier et plus insolent que jamais il n’a été ; il parle haut et profère des menaces contre des gens qui, dit-il, font en ce moment beau-