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X

DANS LEQUEL IL EST PROUVÉ QU’IL NE FAUT JAMAIS
COMPTER SUR L’AVENIR


Julian et Bernardo s’élancèrent au secours du médecin.

Grâce à leurs soins intelligents, au bout de quelques minutes, le docteur rouvrit les yeux.

Dans le premier moment, il sembla ne pas avoir conscience de ce qui lui était arrivé.

Il regardait autour de lui avec surprise, ne comprenant rien aux visages attristés et pâlis des deux jeunes gens.

Mais bientôt, la mémoire, celle de toutes nos facultés qui nous abandonne le plus vite dans les moments de crise, lui revint peu à peu.

L’équilibre se rétablit dans son cerveau ébranlé par cette rude secousse, et il se souvint.

Toute son énergie reparut subitement.

— Il faut fuir ! s’écria-t-il, fuir au plus vite !

— Fuir ! Pourquoi, mon père ? demanda Julian avec surprise.

— Parce que, je te l’ai dit, Felitz Oyandi, ton ennemi mortel, a ourdi contre toi, à Paris, la plus horrible trahison.

Et, montrant les papiers qu’il tenait encore à la main :

— Ces lettres, ajouta-t-il, me révèlent le complot. Cet homme a réussi à se faire des amis et des protecteurs puissants. Tu dois tout redouter de lui. On m’engage à t’éloigner et à te mettre en sûreté au plus vite.

— Ah ! fit le jeune homme dans l’œil duquel passa un éclair, je ne m’étais donc pas trompé !

— Cet homme est un misérable !

— Certes, mais pourquoi fuir ? Ne puis-je donc pas lui résister en face, comme déjà je l’ai fait ?