Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/164

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ce qu’ils possèdent sera vendu, et ton fiancé sera arrêté et jeté au bagne ! Et moi je résistais toujours. Non, non, mon Julian, ajouta-t-elle en fondant en larmes, jamais je n’aurai la force de… Oh ! plutôt la misère, plutôt mourir que de consentir à te rendre ta parole Julian !… Julian pardonne-moi, je t’aime tant !

Tout en parlant ainsi, en proie à une exaltation étrange, elle s’était levée et avait fait un ou eux pas en avant.

Ses dernières paroles s’éteignirent dans un sanglot, elle battit l’air de ses bras, ses yeux agrandis tournèrent dans leurs orbites, elle poussa un cri déchirant et tomba de son haut.

La pauvre enfant se serait brisée le crâne sur le plancher si Julian et Bernardo qui suivaient toutes les péripéties de cette scène étrange, n’avaient pas étendu les bras pour la recevoir.

Denisà avait complètement perdu connaissance.

Julian l’enleva dans ses bras et la porta dans la chambre des hôtes. Puis il appela Picahandia la servante, lui ordonna de mettre la jeune fille au lit, et d’appeler son père dès que cela serait fait.

— Eh bien, père, dit Julian en rentrant dans sa chambre, que pensez-vous de cette horrible scène ? Ne voyez-vous pas comme moi, au fond de cette mystérieuse affaire, l’influence de ce misérable Oyandi ? M’ordonnerez-vous encore de m’éloigner et d’abandonner ma fiancée au pouvoir de ce démon ?

— Plus que jamais, fils, répondit froidement le docteur, écoute-moi et surtout calme-toi.

— Mais il la tuera, mon père ! voyez en quel état elle est ! s’écria Julian avec violence.

Le docteur haussa les épaules.

— Vous êtes tous piqués de la tarentule, sur mon honneur ! répondit-il. Qu’est-il arrivé ? Ceci : cet homme s’est, je ne sais comment, introduit dans la maison de Denisà, en l’absence de ses parents ; il a effrayé la pauvre enfant, ce qui était facile, ignorante comme elle l’est des