Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lumière sort de la maison ; la voici dans le jardin, elle s’abaisse et demeure immobile ; on dirait qu’on l’a posée à terre.

Le docteur, vaincu par l’opiniâtreté de son fils, se décida enfin à regarder attentivement dans la direction que celui-ci lui indiquait.

— En effet, dit-il après un instant, il n’y a pas de doute à avoir ; c’est bien une lumière. Qu’est-ce que cela signifie ?

— Qui sait, père ? Cette maison est depuis longtemps mal famée, vous-même me l’avez assuré ; peut-être est-ce un nouveau crime qui se prépare.

— Allons donc ! tu es fou, Julian !

— Est-ce qu’un meurtre n’a pas déjà été commis dans cette maison, mon père ?

— C’est vrai, tu n’étais pas encore né à cette époque ; il y a vingt-cinq ans de cela, un meurtre a été commis avec des raffinements de cruauté horribles dans cette maison.

— Père, je me sens inquiet ; j’éprouve malgré moi d’inexplicables angoisses, j’ai le pressentiment d’un malheur ; si nous allions voir ce qui se passe, ou plutôt va se passer dans cette habitation maudite ; il n’y a que la rivière à traverser ; en moins de dix minutes, nous saurons à quoi nous en tenir.

— Hum ! fit le vieux praticien en secouant la tête, il n’est pas toujours prudent de se mêler des affaires des autres sans y être autorisé par d’autres motifs qu’une curiosité peut-être coupable.

— Ceci est vrai dans certaines circonstances, père ; mais ici ce n’est pas le cas. D’ailleurs, nous ne nous montrerons point ; personne ne nous verra. Si nous nous sommes trompés, et qu’il n’y ait rien de mal dans ce qui se passe là-bas — ce que, pour ma part, je ne crois point — eh bien, père, nous reviendrons tranquillement chez nous, et tout sera dit.

— Mieux vaudrait rester ici, fils, reprit le docteur avec hésitation ; cela serait beaucoup plus sage.