Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour aider au service et tenir compagnie au père et à la mère.

Le fils Jérôme avait vingt ans, Étienne dix-neuf, Nanette dix-huit.

Quant à Pierre, Joseph, Jean-Marie et Dieudonné, c’étaient de francs, solides et joyeux gaillards.

Bien qu’ils fussent absents depuis plus de huit mois, le père ne les attendait pas avant une quinzaine de jours.

— Enfin, mieux vaut tard que jamais, comme dit le proverbe ! fit l’hôtelier en versant du rhum dans les verres des chasseurs.

— Ma foi oui, dit Main-de-Fer ; à votre santé !

— À la vôtre ! Vous avez donc été bien loin dans les vieux établissements ?

— Jusqu’à New-York ; voilà du rhum excellent.

— Je suis heureux qu’il vous plaise ; vous retournez dans les prairies ?

— Nous allons à Monterey, et de là à San-Francisco.

— Excusez ! les voyages ne vous coûtent pas. Ah ! dame, j’en faisais autant autrefois : j’étais bien heureux, alors ; mais je me suis marié trop jeune.

— Ah ! fit Cœur-Sombre ; à quel âge, donc ?

— À vingt-deux ans. Les enfants sont venus : quand il y en a eu quatre à la maison, il a fallu renoncer au métier ; vous comprenez, ma ménagère avait besoin de mon aide.

Cœur-Sombre soupira.

— Quand on se marie jeune, on est heureux plus longtemps si l’on a épousé une femme honnête, bonne et que l’on aime.

— Vous avez raison, Cœur-Sombre, je ne me plains pas. Marianne est une honnête femme et je l’aime comme au premier jour.

— Alors, c’est le bonheur.

— Un peu monotone, mais, en somme, je ne me plains pas. C’est égal, c’est une rude chance pour moi que vous ayez songé à passer par ici au lieu de prendre la passe de l’Ouest.