Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/239

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Ce tableau, digne de Rembrandt ou de Salvator Rosa, était éclairé de la façon la plus fantastique par la lumière des lampes presque effacée par celle du foyer.

Au dehors, on apercevait le campement des autres bandits à demi noyé dans le brouillard, qui de nouveau s’était abattu sur la vallée.

Après avoir examiné pendant quelques instants les deux chasseurs d’un air soupçonneux, le Mayor appela l’hôtelier.

— Qui sont ces deux hommes ? demanda-t-il à voix basse.

— Deux chasseurs bien connus dans la prairie, répondit le Canadien.

— Ah ! ils ont un nom sans doute ; quel est-il ?

— Le plus rapproché de nous se nomme Cœur-Sombre, l’autre Main-de-Fer.

— Ah ! ah ! fit-il en leur lançant un coup d’œil curieux, ce sont les deux coureurs des bois si renommés dans toutes les prairies de l’Ouest ? Je ne suis pas fâché de les avoir vus ; et il ajouta entre ses dents : « J’espère, avant peu, faire plus ample connaissance avec eux. »

— Vous dites, Mayor ?

— Rien. Prends cette bourse, elle renferme en onces d’or mexicaines la rançon promise, rends la liberté à mes quatre camarades.

Il lui tendit la bourse.

— Tout de suite, Mayor, répondit le Canadien en faisant disparaître la bourse avec une dextérité extrême.

Le Mayor appela du geste un grand gaillard, aux traits sombres et sournois qui, l’épaule contre la cheminée, fumait un régalia tout en suivant d’un regard distrait les capricieux élans des flammes du foyer.

À l’appel de son chef, cet homme se redressa et vint s’asseoir nonchalamment sur la chaise que celui-ci lui désigna près de lui.

— Qu’as-tu donc ? lui demanda dans une langue incompréhensible pour les autres bandits, le Mayor d’un ton presque affectueux, qu’as-tu donc, mon pauvre Felitz ?