Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/249

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porte, une lampe à la main, suivi de don Cristoval de Cardenas et de son fils don Pancho, tous deux bien armés.

Au milieu de la salle, Calaveras, dont les liens étaient coupés, se débattait avec désespoir contre Bonhomme et Sah Ouh-Ra, les deux redoutables molosses du Canadien.

Sur l’ordre de Cœur-Sombre, l’hôtelier se hâta d’appeler ses chiens, qui vinrent en rechignant, mais en remuant triomphalement la queue, se ranger enfin derrière lui, tout en lançant des regards de colère au misérable couvert de sang et de blessures qui se tordait comme un serpent sur le sol.

Voici ce qui s’était passé :

On se souvient que, avant d’ouvrir sa porte aux bandits, l’hôtelier avait renvoyé ses chiens sous le comptoir, leur place habituelle pendant la nuit.

Tandis que s’étaient passés les événements rapportés dans notre précédent chapitre, les deux obéissantes bêtes ne s’étaient pas montrées.

Elles n’avaient dénoncé leur présence ni par un grondement, ni même par un de ces bâillements assez ordinaires chez les animaux de leur espèce.

Calaveras ignorait donc leur présence. Il se croyait seul dans la salle avec le chasseur.

Mais les molosses, dès que le silence avait été rétabli, que les bandits étaient sortis de l’auberge, avaient, avec cette intelligence presque humaine qu’ils possèdent, compris que leur faction commençait dès ce moment, qu’ils devaient veiller sur le repos de leur maître et de ses hôtes.

Chacun d’eux s’était embusqué à un angle du comptoir, de façon à ce que, tout en surveillant le bandit, étendu sur le sol, ils ne fussent pas vus de lui.

Cette double position prise, ils étaient demeurés immobiles comme des sphinx de granit, leurs yeux flamboyants implacablement fixés sur le bandit.