Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/260

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— Non, malheureusement pour lui ; je vais l’amputer d’un bras.

— Le droit ?

— Non, l’autre, le gauche.

— Tant pis ; j’aimerais mieux le droit, répondit Main-de-Fer d’un air goguenard. Moi, à ta place, pendant que j’y serais, je couperais les deux ; ce serait autant de fait pour plus tard.

— Peux-tu plaisanter ainsi, dans l’état où se trouve le pauvre diable !

— Allons donc ! supposes-tu par hasard que je vais m’attendrir sur le compte de ce misérable assassin ? Caraï ! il faudrait que j’eusse de la pitié de reste ! Je te laisse agir avec lui à ta guise, c’est bien le moins que je parle à la mienne.

Et il alla, d’un air bourru et en tordant entre ses doigts une fine cigarette, s’asseoir auprès de la cheminée.

Cœur-Sombre le suivit un instant du regard, avec une expression singulière ; il hocha la tête à deux ou trois reprises, puis il se remit activement aux préparatifs de l’opération qu’il voulait faire subir au blessé.

Cependant celui-ci, soulagé sans doute par les soins qu’on lui avait donnés et par le pansement de ses blessures, avait, depuis quelques instants, fait plusieurs légers mouvements ; ses paupières battaient comme pour s’ouvrir.

Ces pronostics semblaient indiquer qu’il ne tarderait pas à reprendre connaissance.

Le chasseur, après l’avoir attentivement examiné pendant quelques instants, choisit un mince flacon dans sa pharmacie portative, le déboucha, versa sur du coton quelques gouttes de la liqueur qu’il contenait, puis, soulevant légèrement la tête du blessé, il approcha le coton imbibé de ses narines, et le lui fit respirer.

Aussitôt, les paupières presque entr’ouvertes se refermèrent.

Le blessé dormait.

— À l’œuvre ! maintenant, dit le chasseur ; maintenez