Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/261

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seulement le corps, il ne bougera pas pendant l’opération, dont il ne s’apercevra même point.

— Pardieu ! je ne serais pas fâché d’assister à ce miracle, s’écria Main-de-Fer.

— À ton aise, mon ami ; regarde.

Le chasseur se leva et s’approcha de la table.

L’opération fut faite avec une grande habileté et fort rapidement par Cœur-Sombre, qui semblait posséder une longue expérience.

Ainsi qu’il l’avait annoncé, pendant tout le temps que dura l’opération, le patient ne fit pas le plus léger mouvement.

Il ne poussa pas un soupir, même au moment le plus douloureux, c’est-à-dire lorsque l’opérateur scia l’os un peu au-dessus du coude.

Tous les assistants étaient émerveillés de l’adresse et de la sûreté de main du docteur improvisé ; il était impossible de mieux opérer.

Le patient, toujours immobile et profondément endormi, fut pansé, et, sur l’ordre du chasseur, emporté par La Framboise et don Pancho dans une chambre particulière, où il fut couché.

— Et dire que tu ne seras peut-être payé de cette magnifique opération que par un coup de poignard dans le cœur, dit Main-de-Fer avec un sourire railleur.

— C’est le seul payement que je puisse attendre de ce drôle ; mais qu’importe ! j’ai fait mon devoir, dit philosophiquement Cœur-Sombre, tout en se lavant les mains. Eh bien ? ajouta-t-il en s’adressant au Canadien qui rentrait en ce moment.

— Il dort comme un opossum, répondit celui-ci.

— Très bien ; il est bon qu’il dorme ainsi une heure ou deux. Avant de partir, je vous donnerai de quoi l’éveiller.

— Est-ce que vous me le laissez ici ?

— Que voulez-vous que j’en fasse ? J’avais d’abord l’intention de le conduire soit à Tubac, soit à Paso del Norte, et de le livrer aux autorités françaises. Mais