Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/266

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Heureusement ou malheureusement, ceci au point de vue auquel se placera le lecteur, les Américains du Nord, avec leur fougue exubérante, et la rage d’envahissement et d’accaparement qui les domine, ne respectent aucune barrière et sautent résolument par dessus toutes les frontières, établissent des plantations, construisent des maisons, forment des villages, créent des centres de populations de tous les côtés.

Ils diminuent d’autant le territoire indien, qui s’en va se rétrécissant de plus en plus, pour, dans un temps donné, peut-être avant cinquante ans, disparaître définitivement sous les coups incessants de ces implacables pionniers, et faire ainsi place à une civilisation non pas nouvelle, ne nous y trompons pas, mais vieille au contraire, trop vieille même !

Car tout ce qu’elle avait de bon, elle l’a perdu sans retour, pour devenir l’expression brutale de toutes les négations, l’épanouissement de toutes les convoitises et la mise en pratique du trop fameux axiome : la force prime le droit !

Après cela, ce qui est faux en Europe est peut-être la vérité en Amérique.

En somme, il ne s’agit que de s’entendre.

Quant à présent, le premier résultat certain de tout cela, est l’extinction complète de la race autochthone.

Race si recommandable sous tous les rapports, et qui méritait certes un destin plus heureux.

Est-ce un bien ? est-ce un mal ? c’est ce que l’avenir nous démontrera.

Nous constatons, voilà tout.

Il est vrai que les Américains du Nord s’élancent dans le désert, en enfants perdus, à leurs risques et périls, et qu’ils tombent par milliers le long des sillons qu’ils creusent ; que leurs ossements, réduits en poussière, marbrent les prairies dans toute leur longueur et tracent des chemins larges de quarante à cinquante mètres, sur des milliers de milles de parcours non interrompu.