Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/278

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plaintes douces presque inarticulées dont il avait l’habitude.

— Qu’y a-t-il ? mon bon chien, lui demanda le jeune homme, en armant son fusil, as-tu vu quelque chose de suspect ? as-tu senti un fauve ?

Le chien ne remua pas ; il semblait changé en pierre.

— Est-ce un ennemi ?

Le chien ne bougea pas.

— Alors, nous avons sans doute affaire à un ami ? reprit le jeune homme.

Dardar remua joyeusement la queue : il n’y avait pas à se tromper à cette réponse ; Armand désarma son fusil et le remit en bandoulière.

— Quel ami puis-je rencontrer ici ? murmura-t-il ; enfin, nous verrons ; marche, Dardar, je te suis.

Le chien agita la queue de nouveau, et il se remit en route, mais lentement, pas à pas, avec précaution, comme s’il eût voulu ne pas effaroucher l’être, quel qu’il fût, qu’il avait découvert et dont il avait dénoncé la présence.

Arrivé près d’un buisson assez touffu, le molosse s’arrêta de nouveau et regarda son maître.

— Bien, répondit celui-ci, tu veux que je voie par moi-même avant que d’aller plus loin, n’est-ce pas, Dardar ? soit, mon garçon !

Le jeune homme s’avança alors.

Il écarta avec précaution les branches du buisson, puis il se pencha en avant et regarda.

Il retint avec peine un cri d’admiration, au tableau enchanteur qui s’offrit alors à son regard.

Étendue au pied d’un rocher, abritée par le feuillage touffu d’un immense mahogany, une fillette de huit à neuf ans, d’une beauté presque surhumaine, dormait de tout son cœur.

Près d’elle, sur l’herbe, gisaient les restes d’un frugal repas, quelques fruits et quelques morceaux de biscuit, et une légère valise en cuir, entr’ouverte et laissant apercevoir des aliments en petite quantité et quelques autres provisions de bouche.