Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/298

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Dona Luz avait reçu plusieurs blessures qui, sans être graves, saignaient beaucoup ; elle était couverte de sang.

Mais que lui importait, elle embrassait sa fille avec frénésie en répétant avec une joie délirante :

— Sauvée ! tu es sauvée, pauvre chère aimée !

Et elle fondit en larmes.

Elle pansa ses blessures, tant bien que mal, changea de vêtements, et dès que Jaguarita fut reposée la mère et la fille repartirent.

Les deux fugitives voyagèrent ainsi à travers le désert pendant un temps assez long, mais que l’enfant ne réussit pas à déterminer positivement.

Les blessures de dona Luz étaient guéries ; cependant elle s’affaiblissait de plus en plus.

Elle pleurait beaucoup et embrassait sa fille avec des élans si passionnés, que parfois l’enfant avait peur.

Un matin, au moment de repartir, dona Luz, ne réussit pas à se lever.

Ses forces l’avaient complètement abandonnée ; son visage avait pris des teintes d’ivoire jaune, ses traits étaient convulsés ; elle ne parlait que difficilement et très bas.

L’enfant tremblait, pleurait et embrassait sa mère, sans se douter de la gravité de son état.

— « Mon enfant, lui dit sa mère, je te laisse seule, abandonnée dans ce désert, ne crains rien, laisse-toi guider par Jaguarita ; elle te conduira vers les établissements ; d’ailleurs, Dieu veillera sur toi, et moi du ciel où je serai bientôt, je le prierai tant, qu’il te prendra en pitié. Embrasse-moi… encore… encore… Dieu te gardera ! »

L’enfant s’était jetée éperdûment dans les bras de sa mère.

Tout à coup le corps de dona Luz fut secoué violemment par une attaque nerveuse.

Un cri déchirant s’échappa de sa poitrine ; le corps se raidit dans une dernière convulsion et prit la rigidité de la mort.