Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/299

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Vanda regarda sa mère avec effroi.

Celle-ci avait les yeux ouverts, mais vitreux et sans regard.

L’enfant l’appela à grands cris, avec des larmes.

La mère ne répondit pas.

La pauvre petite s’évanouit.

Elle resta plusieurs heures sans connaissance.

Quand elle revint à elle, elle comprit toute la portée de son malheur.

Elle s’agenouilla près du corps de sa mère, et pria longuement avec des sanglots et des larmes.

Puis, trop faible pour creuser une fosse, et d’ailleurs manquant d’outils, elle ramassa des feuilles, arracha des herbes, et en recouvrit pieusement le corps de sa mère.

Elle demeura encore une nuit tout entière à prier et à pleurer près de sa mère, qu’elle ne voyait plus.

Enfin, il fallut partir.

Jaguarita, laissée en liberté, ne s’était pas éloignée.

De temps en temps, elle s’approchait de l’enfant, la caressait et hennissait plaintivement.

Elle se baissa pour permettre à la fillette de se mettre en selle et elle partit comme un trait.

Ainsi que sa mère le lui avait recommandé, l’enfant se laissa guider par l’intelligent animal : c’était ce qu’elle avait de mieux à faire.

Depuis cinq jours, elle parcourait le désert, seule désormais.

Ses vivres, presque épuisés, allaient lui manquer, lorsqu’elle avait été si providentiellement découverte par Dardar et sauvée par Armand.