Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/314

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sidération pour le guerrier indien, qui comprenait et parlait cette langue.

Il prit la parole avant même d’être interrogé.

— Le Chêne-Puissant, dit-il (c’est ainsi qu’il nommait Jérôme), a quitté l’Hacienda del Paraiso, avec tout son monde, au coucher du soleil. Il a marché du côté de la Savane. C’est un guerrier. Tahera sait où le rencontrer. Il l’amènera tout droit ici. La senora donnera un collier au guerrier pour le Grand-Chêne. Elle expliquera tout. Tahera, yeux de jaguar, voit la nuit, il arrivera bientôt. Tahera attend.

— À la bonne heure ! voilà qui est parler, dit la comtesse. Je vais écrire, chef. Attendez, je vous prie.

L’Indien s’inclina courtoisement.

Pendant que la comtesse écrivait, les deux hommes s’entretenaient à voix basse avec une certaine animation.

Mais cette conversation fut de courte durée.

Elle se termina par une chaleureuse poignée de main et un regard d’intelligence.

La comtesse se leva et se rapprocha la lettre à la main.

— Je vous remercie, Tahera, dit-elle avec un charmant sourire. Voici le collier.

— Il sera remis, ou le guerrier mourra, répondit l’Indien en prenant le papier et le cachant dans sa ceinture.

— Tahera ne mourra pas ; c’est un guerrier trop fidèle et trop expérimenté pour se laisser prendre, reprit-elle d’une voix affectueuse : il vivra pour conserver ce souvenir que je lui donne.

Et, détachant une lourde chaîne d’or qu’elle portait, elle la jeta sur les épaules de l’Indien.

— Toujours garder, dit-il avec un sourire ; face pâle bonne ; elle heureuse ; toujours espérer ; amis venir bientôt.

Il salua la comtesse avec cette grâce innée que possèdent les Indiens.

Puis il sortit, suivi par Charbonneau.

Tahera fut descendu au moyen de lassos ajoutés les uns aux autres.

Et bientôt les Canadiens le virent, aux rayonnements