Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/341

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La comtesse était épouvantée de ces massacres.

Elle n’avait jamais assisté à de telles horreurs.

Son plus vif désir était de s’éloigner au plus vite de ce lieu maudit, où l’odeur âcre et chaude du sang la prenait à la gorge et lui donnait des nausées.

D’après les ordres de sa maîtresse, Jérôme Desrieux donna le signal du départ.

Les préparatifs ne furent pas longs.

Dix minutes plus tard, la petite troupe se mettait en marche, sous la protection de sa féroce escorte.

Les voyageurs, grâce à la tactique adoptée par le brave Charbonneau, n’avaient eu ni tués ni blessés.

Mais il faut constater que les secours étaient arrivés bien à temps.

Un quart d’heure de retard seulement aurait causé d’irréparables malheurs.

Au moment où la caravane prenait pied dans la plaine, deux chasseurs qui avaient poussé une reconnaissance à quelque distance en avant, afin de s’assurer qu’il n’y avait aucun danger à redouter, s’approchèrent de la comtesse, qu’ils n’avaient pas vue encore, dans l’intention de la saluer.

Ces deux chasseurs étaient Cœur-Sombre et Main-de-Fer.

Ils avaient rencontré par hasard les civicos, et s’étaient joints à eux pour les aider dans leur expédition.

Les deux hommes étaient bien connus de tous ; ils avaient été accueillis avec joie par Jérôme Desrieux et ses compagnons.

L’ancien zouave leur avait dit qu’il allait au secours de sa maîtresse, menacée d’une attaque par les bandits de la savane.

Les deux chasseurs avaient alors rangé leurs chevaux auprès de celui de Jérôme Desrieux et sans lui demander de plus amples informations, ils l’avaient suivi.

Un double cri de surprise s’échappa des lèvres de la comtesse et de celles de Cœur-Sombre en s’apercevant.

Ils venaient de se reconnaître.