Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/348

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— Je l’avoue, madame ; répondit Main-de-Fer.

— Dieu a fait un miracle en mettant, il y a deux jours, cette chère et malheureuse enfant sur ma route d’une façon extraordinaire, reprit la comtesse avec des larmes dans la voix.

— Et quoi ! s’écria le Cœur-Sombre, il serait possible. Vous avez trouvé cette pauvre petite seule et abandonnée dans la savane.

— Abandonnée, oui, toute seule, loin de tout secours, mais sous l’œil de Dieu.

— Voilà qui dépasse toute croyance, dit Cœur-Sombre ; mais comment l’avez-vous donc trouvée, madame ? D’où venait-elle ? Où allait-elle ?

— Quant à cela, je ne puis vous répondre, je n’en sais trop rien ; elle dormait quand elle fut rencontrée, ou plutôt découverte, blottie au fond d’un bosquet.

— Cependant, madame, cette enfant est assez âgée pour répondre si on l’interroge ?

— Peut-être.

— Aurait-elle donc refusé de répondre aux questions que vous lui adressiez, madame ?

— Je ne dis pas cela, dit-elle en souriant.

— Mais, alors ?…

— Ainsi que je vous l’ai dit, messieurs, reprit la comtesse après un instant, ma rencontre avec cette chère enfant est toute une histoire mystérieuse, et, je le crains, un énigme dont le mot m’échappera toujours quoi que je fasse pour le découvrir.

Daignez vous expliquer, madame, dit Main-de-Fer.

— C’est ce que je vais tâcher de faire, d’autant plus que le Mayor, dont vous avez parlé, se trouve mêlé a cette histoire d’une façon singulière.

— Le Mayor ? murmura Cœur-Sombre d’un air triste.

— Oui, connaissez-vous cet homme ? Savez-vous son nom véritable ?

— Ma foi, non ! dit Main-de-Fer.

— Permettez-moi, madame, ajouta Cœur-Sombre, de vous apprendre une chose que vous ignorez sans doute :