Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pendant tous ces pourparlers, Cœur-Sombre et Main-de-Fer s’étaient tenus à l’écart.

Cœur-Sombre dit alors quelques mots à voix basse à son ami.

Ils firent tourner leurs chevaux, se mêlèrent à la foule, et bientôt disparurent sans que personne remarquât leur départ.

Jérôme Desrieux, après avoir fait ranger les civicos à sa droite et à sa gauche, leur fit un discours.

Il était beau parleur et se piquait d’éloquence ; peut-être avait-il raison.

Car son discours qui, faute d’autre, eut du moins la qualité d’être court, souleva une tempête de hurrahs et de vivats et les cris cent fois répétés de :

— Vive madame la comtesse ! Longue vie à madame la comtesse !

Après avoir à grand’peine obtenu un silence relatif, l’intendant commença la distribution, en remettant, ainsi qu’il en avait reçu l’ordre, deux onces d’or, environ cent soixante-dix francs de notre monnaie, à chaque homme.

La distribution terminée, les civicos exécutèrent une fantasia dans le style arabe, en l’honneur de la généreuse comtesse, et, à un signal donné, ils partirent à fond de train dans la direction de Paso del Norte.

Bientôt ils disparurent dans un épais nuage de poussière, soulevé par le galop enragé des chevaux.

La troupe de la comtesse de Valenfleurs se trouva alors réduite à son nombre ordinaire, c’est-à-dire à dix-sept personnes, en y comprenant l’intendant et le guerrier comanche qui, lors de sa mission, lui avait servi d’éclaireur.

L’haciendero laissa à la poussière soulevée par la fantasia et le rapide départ des civicos le temps de se dissiper, puis il engagea la comtesse à dernier l’ordre de se remettre en route.

Ce que fit la comtesse.

Don Cristoval de Cardenas avait expédié en avant son mayordome et l’autre personne qui l’accompagnait, afin d’annoncer leur prompte arrivée à l’hacienda.