Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/366

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La comtesse et l’haciendero causaient à voix basse ; ils s’entretenaient sans doute de choses importantes.

Quant à Armand et à don Pancho, ils allaient côte à côte, riant et jasant comme de vieux amis.

La caravane marchait doucement.

Il lui fallut près de trois quarts d’heure pour arriver à la Rancheria, établie au pied de la colline, au sommet de laquelle s’élevait la Florida, dominant la campagne jusqu’aux dernières limites de l’horizon.

Il était dix heures du matin.

La chaleur commençait à être accablante.

Chacun aspirait à se mettre à l’abri le plus tôt possible.

On atteignit la Rancheria.

La comtesse, dont la conversation avec l’haciendero durait toujours, éleva un peu la voix.

— Mon Dieu oui, dit-elle, le hasard a tout fait ; je désespérais, après de si longues et de si inutiles recherches, de le retrouver jamais, et je ne savais trop comment tout cela tournerait, lorsque ce matin, en quittant le campement, je me rencontrai face à face avec lui.

— C’est prodigieux, répondit l’haciendero : ainsi comme cela ? à l’improviste ?

— Mon Dieu, oui ; il paraît qu’il avait accompagné les civicos amenés à mon secours par mon intendant. Le combat terminé, lui et son ami, un de ses compagnons d’enfance, dont il ne se sépare jamais, s’étaient lancés en éclaireurs pour s’assurer que tout danger avait disparu. Il revenait de battre ainsi l’estrade dans l’intérêt de ma sûreté, lorsque le hasard nous mit en présence.

— Sur ma parole, c’est incroyable ! Il s’est donc fait chasseur, coureur de bois, gambucino ?

— Il est chasseur et jouit, dit-on, d’une grande réputation parmi ses confrères de la savane ; d’ailleurs, j’avais déjà entendu citer son nom avec éloge, et même avec un certain respect, sans y attacher autrement d’importance.

— Et ce nom, quel est-il, s’il vous plaît, madame la comtesse ?